Coulthard voulait que Red Bull rachète Cosworth pour être motoriste en F1

Avant Max Verstappen, Sebastian Vettel, Mark Webber, Daniel Ricciardo ou Sergio Pérez, c’est bien David Coulthard qui a été à l’origine du projet d’équipe Red Bull en F1. C’est en effet l’Ecossais qui a commencé à construire les bases d’une équipe qui deviendrait bientôt multiple champion du monde.

Pour un dollar, Red Bull avait racheté l’équipe Jaguar, avec cependant une promesse d’investissements de 400 millions de dollars de l’époque, une somme colossale.

Sur le moment, beaucoup se moquaient du projet d’une marque de boisson énergétique en F1 : une canette aux côtés de Ferrari ou McLaren F1 ? On connaît la suite, Red Bull deviendrait championne du monde à partir de 2010.

Fin 2004, Coulthard était en partance de McLaren F1 et discutait avec plusieurs équipes sur la grille. Mais comment Horner et Mateschitz, le PDG de Red Bull, avaient-ils fini par le convaincre ?

« Je n’avais jamais envisagé de rester 20 ans de Red Bull ou quelque chose dans ce genre-là » confie à Planet F1 celui qui est encore ambassadeur pour Red Bull.

« J’avais surtout une vision des quelques années à venir : que puis-je accomplir, ou que pouvons-nous faire ensemble dans les années qui viennent ? »

« Je ne savais pas si Dietrich Mateschitz avait cette vision à long terme, car avant de signer le contrat, je voulais savoir non seulement s’il avait l’argent, car cela n’est qu’une fraction de l’histoire, mais aussi s’ils avaient l’intelligence en plus du budget. »

« Et sa vision était absolument de d’abord obtenir le respect du paddock. Et puis mon objectif était que nous devenions champions du monde de Formule 1. »

Dietrich Mateschitz, aujourd’hui disparu, avait une vision claire et un style de management (faire confiance au terrain et à Christian Horner) qui ont porté tous leurs fruits.

« Il était très clair sur ce qui était possible et quel était l’objectif, et je suis sûr que c’est la même vision qu’il avait avec cette boisson énergisante. Il tentait convaincre les gens que c’était quelque chose qui allait améliorer leur vie » poursuit Coulthard.

« Et cette même vision et conviction sont les fondations de ce qui est devenu aujourd’hui Red Bull. Mais ma principale préoccupation à l’époque, c’était de savoir qui étaient les gens présents. À quoi étais-je habitué ? Où étaient les lacunes et comment les combler ? C’était une approche très pragmatique pour mettre les pièces en place. Et honnêtement, je pense que cela n’a pas vraiment changé depuis ces premiers jours. »

David Coulthard tenait à ne pas être seulement pilote, mais aussi un acteur important de la construction de l’équipe.

« À cette époque, j’étais plus impliqué », se souvient-il de ses premiers jours à Milton Keynes. « Je me rendais à l’usine plus souvent que je ne le faisais jamais chez McLaren ».

« Nous allions à Salzbourg et rencontrions Dietrich après le Grand Prix, expliquant ce que nous avions accompli, ce dont nous avions besoin, comment les choses évoluaient. Des choses comme le choix des pneus. Pourquoi nous voulions Michelin ou Bridgestone, ou quelle que soit l’option. »

« C’était génial. Cela donnait du pouvoir. Et puis, quand j’ai terminé cette aventure, ce n’était pas difficile pour moi de céder la place à Sebastian, et ensuite, toute cette nouvelle aventure a commencé. »

Coulthard voulait que Red Bull rachète Cosworth

Et David Coulthard avait proposé à Red Bull un choix qui ne serait fait que bien des années bien plus tard : devenir son propre motoriste !

« Le moteur, nous étions clients de Cosworth, puis nous étions clients de Ferrari, puis de Renault. Être client, ce n’est pas idéal quand vous avez l’habitude d’être une équipe d’usine. »

« C’était donc une zone où, à bien des égards, ils sont allés là où j’aurais aimé les voir aller bien plus tôt. Car je n’ai jamais été un grand fan de l’acquisition de Toro Rosso, et je l’avais clairement dit à Dietrich à l’époque, car je me disais : “C’est déjà assez difficile de gagner avec une équipe, pourquoi voudrions-nous la distraction d’une deuxième équipe ?” »

« C’était une question de marketing, et cela a trouvé sa place. Mais dans les premiers jours, c’était en fait un défi d’avoir ces deux ressources, alors que j’aurais préféré investir dans un moteur. Acheter Cosworth et fabriquer un moteur Red Bull, c’était ma vision. Mais cela a bien tourné pour l’équipe. »

Coulthard conseilla aussi à Red Bull d’abandonner un peu de fiabilité pour de la performance, notamment au niveau de la boîte de vitesses.

« Nous devions trouver un partenaire moteur qui nous donnerait un peu plus de flexibilité », se souvient-il. « Et la boîte de vitesses était une grande zone où nous étions en retard, car les autres équipes étaient passées aux changements de vitesses sans interruption, ce qui rapportait quelques dixièmes de seconde par tour. »

« Nous avons donc fait venir quelqu’un de Ferrari, avec qui j’avais travaillé chez McLaren, et nous avons obtenu un banc d’essai pour la boîte de vitesses, ce qui représentait un gros investissement que Dietrich devait approuver. Nous poussions pour essayer d’introduire cela. »

« Bien sûr, lorsque vous poussez, il y a des échecs, mais je voyais l’échec comme une partie importante de l’accélération du développement, car si vous restez toujours dans la sécurité, comment savez-vous combien de marge vous avez si vous atteignez toujours les objectifs ? »

« Cela signifiait que nous avons eu quelques (abandons), mais si vous ne gagnez pas le Grand Prix, à quoi cela sert-il ? »

« Si l’objectif est de gagner les courses, vous faites tout ce qui est possible pour accélérer ce moment. Il y a eu des moments douloureux, mais je pense que cela a montré qu’à long terme, cet objectif constituait une bonne base. »

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