Frustré par Bakou, Vasseur analyse les loupés stratégiques de Ferrari
Il y a de la frustration chez Ferrari, après le Grand Prix à Bakou. Pour la 4e fois en 5 ans, une Ferrari (celle de Charles Leclerc) est partie en pole… et n’a pas glané les 25 points de la victoire.
Après avoir dominé la première partie de la course, l’écurie italienne n’a pas pu concrétiser ses ambitions en raison d’un enchaînement de circonstances défavorables, du timing de l’arrêt de Leclerc à l’accident de Sainz avec Pérez.
Frédéric Vasseur, le directeur d’écurie, a d’abord compris pourquoi Charles Leclerc avait finalement eu du mal à dépasser Oscar Piastri, avant même de voir ses performances s’effondrer en fin de course. Le Monégasque a d’abord péché par optimisme, en pensant qu’il serait facile de redépasser la McLaren F1. Puis en roulant dans l’air sale, il a trop abîmé ses Pirelli.
« Les pneus arrière n’ont pas aidé Charles, mais cela ne doit pas être une excuse. Probablement qu’il a été un peu optimiste après le premier relais car nous étions très à l’aise. Il n’a donc pas poussé après l’arrêt aux stands. Peut-être que ce n’était pas la bonne approche, car à la fin, il a été très difficile d’essayer de dépasser Piastri. Quand tu es derrière, tu endommages plus les pneus que lorsque tu es devant. »
« Le dépassement d’Oscar ? Je n’ai pas encore parlé avec Charles, mais c’était au premier tour du relais, il était important de conserver les pneus, et peut-être qu’il n’a pas vu que Piastri était si rapide en ligne droite, donc il a été surpris. »
« Il y a quinze jours à Monza, c’était probablement le contraire : la position sur la piste est importante et quand vous passez 20 tours derrière quelqu’un, vous usez beaucoup les pneus arrière pour essayer de dépasser. Après 25 tours, vous commencez à dégrader les pneus plus que la personne qui vous précède. Je pense que c’est ce qui est arrivé lors du premier relais à Piastri qui était derrière nous. Il est resté derrière nous pendant 10 tours, puis dans les cinq derniers tours du premier relais, nous avons creusé un écart important. »
En qualifications et durant le premier relais en médiums, c’était en effet bien Charles Leclerc qui dominait la McLaren F1 d’Oscar Piastri. De quoi donner encore plus de regrets à Frédéric Vasseur…
« Nous avions le potentiel pour gagner avec le package que nous avions sur la piste à Bakou. Nous partions de la pole, nous dominions, et donc avant de parler des prochaines mises à jour ou développements, nous devons nous assurer de tirer le meilleur parti de ce que nous avons. »
La gestion des arrêts aux stands a également été pointée du doigt. Leclerc est rentré peut-être un ou deux tours trop tard dans les stands, laissant à Piastri le soin de réduire l’écart grâce à l’undercut. Un problème que Vasseur a reconnu, tout en défendant la décision de l’équipe :
« Nous aurions fait mieux d’entrer un tour plus tôt, mais c’est une histoire différente. Le plan était de créer un écart de durée de vie avec les pneus, et de rentrer aux stands un tour plus tard. »
« Ce n’était pas un risque, au contraire. Quand tu as 5 secondes d’avance sur Piastri, tu ne t’exposes pas à un risque de Safety Car en répondant un tour après. »
Le rythme de Charles Leclerc, dans son tour de sortie, a également été critiqué pour son manque d’agressivité.
« Nous avons été un peu timides sur le tour de sortie » admet aussi Frédéric Vasseur. « Clairement, nous avons perdu du terrain sur Piastri, non seulement à cause de l’arrêt, mais aussi pour retrouver notre rythme. »
« Nous étions convaincus que pour faire durer les pneus pendant 30 tours, nous devions faire un début de relais plus lent et éviter de pousser trop fort dans le tour de sortie, mais sans perdre notre position. »
La frustration de Frédéric Vasseur a été de plus aggravée par l’accident entre Carlos Sainz et Sergio Pérez.
La FIA n’a sanctionné aucun des deux pilotes, mais Frédéric Vasseur est-il du même avis ?
« Carlos a commencé la ligne droite juste derrière Charles, et lui comme Perez ont essayé de profiter de l’aspiration. C’est vrai que Checo avait beaucoup d’espace à gauche et ne s’est pas déplacé, mais c’est dommage de finir un week-end de cette manière. »
« Mais c’était une bonne course, un après-midi intense. Tout le monde était à la limite avec les pneus et on ne peut pas toujours gagner. On peut tirer des conclusions, bien sûr, mais dans l’ensemble, nous avons fait du bon travail. »
Une Scuderia de nouveau très forte à Singapour ?
Malgré les déceptions à Bakou, Vasseur reste optimiste quant aux performances à venir de Ferrari, notamment pour le prochain Grand Prix à Singapour.
La Scuderia sera-t-elle très forte sur ce circuit en ville, comme plus tôt cette année à Monaco ?
« L’histoire pourrait être différente, parce que le type de virages sera similaire, mais avec beaucoup plus de force d’appui. Après Singapour, nous ferons une pause avant Austin. Nous aurons le temps d’en parler, mais je veux d’abord obtenir un bon résultat à Singapour, comme l’an dernier. Nous sommes dans un bon moment et nous devons continuer comme ça pour récolter plus de points. »
« Le rythme était bon tout au long du week-end à Bakou. Si nous arrivons à marquer plus de points à Singapour, ce serait un pas en avant. »
« Il y aura des hauts et des bas jusqu’à la fin de la saison. L’important, c’est de gagner quand tu es bien placé, mais aussi de ramasser des points quand tu ne l’es pas. À Bakou, les choses n’ont pas tourné en notre faveur, mais il y aura des week-ends meilleurs. »
Avec l’abandon de Carlos Sainz, le titre au classement des constructeurs s’est éloigné pour Ferrari, mais rattraper Red Bull est plus que jamais jouable pour la 2e place…
« Au final, le podium est arrivé avec une 2e place, nous marquons plus de points que Red Bull, nous les rattrapons au championnat des constructeurs et c’est important. Mais c’est vrai qu’il y a un peu de frustration parce qu’on a perdu contre Piastri et à cause de l’accident de Carlos. »
« Nous sommes de nouveau en forme et nous pouvons nous battre pour la pole et la victoire chaque semaine. Il y a encore 300 points disponibles. Tout est possible, la lutte sera longue. Les choses n’ont pas tourné en notre faveur, mais de meilleurs week-ends viendront. »