‘Le bad boy de la F1′ : Maldonado revient sur sa mauvaise réputation
Le dernier vainqueur de Williams en F1 ? C’est lui, Pastor Maldonado.
Cependant le Vénézuélien, qui a toujours été soutenu par la compagnie pétrolière nationale, PDVSA, n’a jamais eu une bonne réputation en F1.
Surnommé ‘Crashdonaldo’ par ses détracteurs, Maldonado a eu l’étiquette de pilote payant, brouillon et rapide seulement par intermittences.
Pour le site de la F1, l’ancien pilote Lotus est revenu sur cette triste réputation… à quel point donc ces bruits négatifs ont affecté son estime de soi, ou ses performances sportives ?
« J’avais beaucoup de gens contre moi, surtout dans les médias : j’étais donc le bad boy de la Formule 1, j’étais le pilote payant, j’étais le pire des pires de la Formule 1 ! »
« Mais en même temps, je me suis dit : D’accord, je ne me soucie pas de ça. Je me suis toujours battu avec ça depuis le début de ma carrière et il est temps de se concentrer et de profiter de la meilleure façon possible. »
Pour autant, Maldonado restera dans l’histoire comme un vainqueur de Grand Prix : c’était ce fameux Grand Prix d’Espagne en 2012. Il faut se souvenir que Maldonado avait tenu la tête de course tout le long, résistant à Fernando Alonso et sa Ferrari ou Kimi Räikkönen et sa Lotus noir et or. C’était donc une victoire absolument au mérite.
« Le potentiel était là, mais nous avons été très honnêtes avec nous-mêmes dans l’équipe. Tout le monde dans l’équipe était d’accord pour dire qu’un podium nous suffirait, que la 5e place serait méga pour l’équipe et qu’il fallait donc être prudent. Et je me suis dit : “D’accord, c’est ma chance. Je dois être concentré. Peut-être que ce sera la seule. Je dois saisir cette chance et me donner à 100 % pour battre Fernando”. »
« Ce n’était pas une victoire chanceuse, parce qu’il pleuvait ou autre chose, c’était de la performance pure. Nous étions rapides. J’ai réussi à me battre avec Fernando à ce moment-là. Et c’était incroyable pour moi de monter sur le podium. Ensuite, Fernando et Kimi m’ont porté sur leurs épaules. »
« C’était un rêve, vous savez, de partager le podium avec mes deux idoles. Je suivais leur carrière. Et c’est à ce moment-là que je me suis dit : Bon, on a réussi… »
« Frank (Williams) m’a confié la responsabilité de représenter cette équipe extraordinaire et historique en Formule 1. Je suis très fier d’avoir remporté la dernière victoire de l’équipe jusqu’à présent et la dernière victoire de Frank. »
Cependant, si 2012 marqua une année de redressement pour Williams, 2013 fut une réelle année de régression. Et pourtant, les espoirs étaient hauts à Grove début 2013, explique Pastor Maldonado.
« Tout le monde dans l’équipe s’attendait à avoir une voiture plus stable en 2013. Je me souviens que le premier jour sur le circuit, nous étions motivés, nous nous attendions à avoir… peut-être pas une voiture championne du monde, et nous le savions, mais au moins à résoudre tous les problèmes que nous avions l’année précédente. »
« Et cela n’a pas été le cas. C’était frustrant pour toute l’équipe. J’ai vu tout le monde très triste. Tout le monde perdait confiance en l’usine. Et le problème, c’est que lorsque les choses vont mal, c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre. L’équipe de course disait : la voiture était mauvaise. L’usine : l’équipe de course ne gère pas bien la voiture. »
La faillite de Lotus vue de l’intérieur
Pastor a dû alors quitter le navire Williams… pour se réfugier dans un navire qui prenait aussi l’eau, chez Lotus.
L’unité de puissance Renault était hors-sujet en 2014, mais surtout, les finances de l’équipe d’Enstone étaient à sec.
« Nous avons eu beaucoup de problèmes avec le moteur, mais en même temps la voiture n’était pas là. L’équipe n’avait pas d’argent, nous utilisions le même package aérodynamique tout au long de l’année – on n’avait rien de nouveau, et à certains moments, cela devenait même un peu dangereux. »
En 2015, si l’unité de puissance Mercedes permettait à Lotus de faire quelques progrès, la banqueroute frappait à la porte de l’équipe et Maldonado se remémore une anecdote marquante…
« Je me souviens que nous nous sommes rendus à quelques courses sans avoir d’hôtel à cause de retards de paiement, je me souviens qu’il n’y avait pas d’hospitalité au Japon. Et finalement, même s’il s’agit d’une compétition, la Formule 1 est une famille, et lorsque les autres équipes ont vu la situation, elles ont ouvert les portes de leur service de restauration pour nous donner de la nourriture ! »
« Ce fut une très mauvaise année pour essayer de survivre, juste pour être payés. C’était un moment délicat. Nous parlions aux sponsors pour voir si nous pouvions avoir de l’argent supplémentaire pour payer les membres du personnel et finir la saison. »
« Et toute l’équipe a beaucoup souffert. En tant que pilote, personne n’était concentré, même Romain [Grosjean, le coéquipier de Maldonado] n’était pas à 100 % à cause de la situation. Honnêtement, à ce moment-là, je voulais que la saison se termine le plus tôt possible. »
Fin 2015, le rachat de Lotus par Renault, de même que la crise économico-pétrolière au Venezuela, condamnait l’avenir de Maldonado en F1.
« Au début, ce fut difficile. »
« Mais à un certain moment de ma carrière, j’ai compris que la Formule 1 n’était pas éternelle. »
Le Vénézuélien aurait bien pu rebondir chez Sauber en 2017, des négociations avaient eu lieu en ce sens… Mais…
« C’était délicat parce que je sentais que j’étais dans une place où je méritais une bonne voiture pour être de manière régulière dans les points, mes sponsors voulaient une garantie des résultats – or il était très difficile de trouver ces garanties ! »
« Et, honnêtement, j’ai commencé à regarder ma famille, à mener une vie normale, et à dire “merci à Dieu chaque jour pour l’expérience extraordinaire que j’ai vraiment vécue”. J’ai vécu une expérience extraordinaire. Et j’ai ma famille, ma santé, je suis jeune, alors j’ai commencé à l’accepter. »
Vers un retour en sport auto ?
Cependant, Pastor aimerait pourquoi pas reprendre du service dans le sport auto, et pourquoi pas comme directeur d’écurie…
« Et peut-être qu’à un certain moment de ma vie, j’aimerais revenir dans le sport automobile, peut-être dans un rôle différent, parce que c’est ma passion. J’aimerais peut-être diriger une équipe, avec toute l’expérience et le réseau que j’ai, et avoir la même adrénaline et le même sentiment de compétition dans mon sport, parce que c’est mon sport. Et ce sera mon sport jusqu’au dernier jour de ma vie. »
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