On a vu : La saison 6 de ‘Drive to Survive’ sur Netflix
Comme c’est devenu la tradition, Netflix sort ce vendredi matin la saison 6 de ’Drive to Survive’, sa série sur les coulisses de la F1 réalisée par Box to Box Films. Comme chaque saison, le programme se décompose en dix épisodes d’une durée avoisinant les 35 minutes, et suivant plusieurs équipes.
La première partie de cette critique est garantie sans spoiler, et nous vous préviendrons quand ceux-ci arriveront ! Mais si l’on veut juger de la qualité du programme, on peut déplorer que Box to Box ait utilisé la même recette, encore et toujours, avec plus d’exagération.
Pourquoi le déplorer ? Parce que le public qui était non-initié à la F1 lors de la sortie de la première saison est désormais un public que l’on pourrait qualifié d’aguerri, que ce soit auprès de la F1, ou au moins face à Drive to Survive.
Aussi, on ne comprend pas pourquoi la série nous prend par la main à chaque séquence, afin de nous expliquer de manière très didactique tout ce qui se passe à l’écran. Car on doute que des gens découvrent la F1 via cette sixième saison, et l’on aurait aimé qu’en évitant ce guidage trop précis, la série entre davantage dans les détails.
Puisque l’on parle des recettes éculées qui nous sont resservies sans subtilité, on peut également déplorer les montages, de plus en plus tronqués et trahissant de plus en plus les faits. Bribes de commentaires, réutilisation de communications radios à plusieurs endroits de la série, images non contractuelles : les défauts de cohérence sont nombreux pour tenter d’ajouter un peu de piment à l’action, qui n’en a même pas toujours besoin.
Le grand point positif de la série est toujours présent
Mais tout n’est pas noir dans ce tableau, puisque Drive to Survive nous apporte toujours ce qui nous intéresse le plus dans le programme : des vraies images de coulisses. Repas entre un directeur et ses pilotes, réunion pour discuter de contrat, pilote se livrant de manière honnête : plein de séquences nous en apprennent davantage sur les coulisses de la saison 2023.
On en déplore encore plus le besoin que semblent éprouver les producteurs de nous offrir un rythme effréné aux dépens de la réalité. Car cela impacte aussi les séquences de course, parfois rendues ineptes en dépit d’images très souvent jolies.
Puisque l’on parle d’inepties, on ne peut pas passer outre les interviews des consultants, avec l’inénarrable Will Buxton, qui prend un malin plaisir à enfoncer quelques portes pourtant grand ouvertes. Là encore, les fans de F1 ayant découvert le sport avec la série n’ont plus besoin d’autant d’évidences.
On note l’arrivée de deux consultantes, Claire Williams et Danica Patrick. L’ancienne directrice d’équipe et l’ancienne pilote apportent parfois des points de vue intéressants sur le ressenti des acteurs principaux du sport, et l’on apprécie une bonne partie de ces commentaires.
Pour tirer un premier bilan avant de passer en revue les épisodes, on peut vraiment regretter l’aspect artificiel de la série, qui prend plus de place alors qu’il devrait justement se mettre en retrait.
Mais les séquences de coulisses, qui nous dépeignent les pilotes et les personnalités de la F1 dans leur quotidien, sont toujours une raison amplement suffisante pour regarder la série. Le dernier épisode, qui revient largement sur le week-end de Las Vegas, montre quelques images de coulisses particulièrement intéressantes.
Notre critique Ă©pisode par Ă©pisode
Si vous ne souhaitez pas en savoir plus sur le contenu de la saison 6, nous vous déconseillons d’aller plus loin, car le reste de cet article contient des spoilers sur les dix épisodes de la saison.
Le premier épisode se consacre très largement à Aston Martin F1, et à la préparation de saison dans la nouvelle usine, puis à la blessure subie par Lance Stroll. On y voit notamment son père Lawrence, partagé entre le rôle de patron et le rôle de père.
Dans le deuxième épisode, on assiste aux débuts de Nyck de Vries en F1, et on le suit jusqu’à son licenciement, durant lequel Daniel Ricciardo est appelé. On voit notamment des discussions tenues à Silverstone, même si cela parait étonnant de voir les équipes de Netflix sur le lieu du test privé de Ricciardo.
L’épisode 3 montre les premières courses très difficiles de McLaren et les hésitations de Lando Norris à aller dans une autre équipe. On voit que ce sujet était une vraie préoccupation pour le Britannique, mais que le retour en forme de l’équipe l’a aidé à se remotiver et remobiliser.
Dans la quatrième partie, on oppose Haas et Williams, qui se battent en début de saison pour ne pas terminer à la dernière place des constructeurs. Les styles des dirigeants des deux teams, Günther Steiner et James Vowles, y sont notamment opposés.
Le cinquième épisode met en scène la rivalité chez Alpine entre Esteban Ocon et Pierre Gasly, et use de toutes les techniques les moins agréables de la série pour créer une tension qui n’a pas lieu d’être. Point positif, on peut revivre les podiums des deux Français.
Quelques sujets très intéressants
Le sixième épisode est centré sur Lewis Hamilton et ses hésitations à quitter Mercedes. Un des épisodes les plus intéressants de la saison, dans lequel on découvre le mal-être du Britannique chez Mercedes, notamment après le refus de l’équipe d’écouter ses retours sur l’abandon du concept ’zéro ponton’.
Dans l’épisode 7, on retourne chez Alpine, où l’on voit l’arrivée de nouveaux investisseurs, menés par l’acteur Ryan Reynolds. En parallèle, on assiste à la révolution de palais ayant mené à l’éviction d’Otmar Szafnauer. Cet épisode est bien plus intéressant que le premier sur Alpine.
L’épisode 8 montre la pression qui entoure Frédéric Vasseur chez Ferrari pour sa première année à la tête de la Scuderia. On découvre quelques bribes de son management auprès des pilotes, ce qui offre de nouveau des images intéressantes.
Le neuvième chapitre montre la blessure de Daniel Ricciardo aux Pays-Bas, l’arrivée de Liam Lawson à sa place, et l’enjeu des deux places chez AlphaTauri, devenue RB F1, pour trois pilotes. Cet épisode est intéressant même si tout a tendance, comme souvent, à être dramatisé.
Enfin, la dernière partie montre les deux dernières courses et la lutte entre Mercedes et Ferrari. Mais surtout, on y voit la colère de Fred Vasseur après l’incident aux EL1 de Las Vegas, et le rapport des pilotes au show démesuré auquel on leur a demandé de participer. Des tranches de vie du paddock qui montrent l’aspect humain derrière la communication à outrance.
đź‘Ť