Wurz se souvient d’anecdotes piquantes sur Briatore et Ron Dennis…
On le sait peu, mais Alexander Wurz a terminé champion du monde ! Pas de F1, certes, mais de BMX, en 1986, à l’âge de 12 ans s’il vous plaît…
« J’en suis très fier car je n’avais aucune idée de ce sport. J’ai juste vu mon cousin avec un vélo BMX et je me suis dit : Wow, c’est trop cool ! Je suis venu le voir courir et j’ai commencé le week-end suivant. C’était une période très importante de ma vie, non seulement parce que j’ai voyagé à travers l’Europe et le monde à un très jeune âge, mais aussi parce que cela m’a permis d’envisager l’avenir avec sérénité » s’est-il souvenu pour la FOM.
Mais le grand public se souvient surtout de Wurz, comme pilote et plus encore comme pilote essayeur peut-être.
Sa carrière avait commencé en 1997 : troisième pilote de Benetton, Wurz avait remplacé au pied levé Berger, retenu par le décès de son père et une maladie.
Wurz se souvient alors d’un fameux appel de Flavio Briatore, quelques jours avant le Grand Prix du Canada. Une aventure rocambolesque !
« J’ai reçu un appel téléphonique que je n’ai pas eu besoin de décrocher parce que je pouvais entendre Flavio crier de Londres jusqu’en Autriche. Il m’a dit de prendre le putain d’avion… J’ai atterri et il m’a dit, ’Es-tu prêt à courir ? J’ai répondu : ’Umm, ouais’. Il a ajouté : « Dans trois heures, tu monteras dans un Concorde, tu iras à New York et nous viendrons te chercher en jet privé [pour aller au Canada] ».
« J’ai atterri le jeudi matin. Je ne connaissais pas le circuit de Montréal, alors je suis allé acheter un magazine Autosport à l’aéroport, mais il n’y avait pas de flèche indiquant la direction de la piste, ni de numéro de virage. Je me suis dit : « D’accord, pas de problème, il ne peut y avoir que deux directions, alors on apprend les deux ». C’est vraiment drôle. »
« Je me souviens que pendant la course, un extincteur s’est déclenché, nous n’avions pas de télémétrie… Je suis allé jusqu’à la 4e place avant d’abandonner avec un arbre de transmission cassé. Sur le chemin du retour, Jean Todt, le patron de l’écurie Ferrari, est venu me voir à l’aéroport et m’a dit : « Jeune homme, nous vous avons regardé, nous sommes très impressionnés, faites une autre course comme celle-ci et nous vous appellerons ». »
« Nous sommes ensuite allés à Magny-Cours, où j’étais plus rapide qu’Alesi, mais j’ai été trop agressif dans la bruine et j’ai fait une sortie de route, ce qui me met encore en colère. Lors de la troisième course, à Silverstone, j’ai terminé troisième, mais j’ai eu l’impression d’avoir été freiné par la stratégie des arrêts aux stands… Là encore, j’ai eu l’impression d’être plus rapide que Jean, que j’aimais beaucoup, car c’est un super personnage, et après cela, Gerhard est revenu. »
Wurz avait tout de même alors gagné sa place comme titulaire chez Benetton, pour remplacer Alesi.
Toujours au Grand Prix du Canada, mais en 1998 cette fois, Wurz allait de nouveau marquer les esprits : mais cette fois par un terrible crash au premier virage, avec quelques tonneaux…
Cette année, Wurz faisait équipe avec Fisichella. Les deux coéquipiers firent jeu égal en 1998 et Wurz se distingua bien (six places dans les cinq premiers lors des neuf premières courses, 8e place au classement pilotes, meilleure de sa carrière).
Mais en 1999, avec une F1 très décevante, c’est l’Italien qui met totalement sous l’éteignoir son coéquipier.
« La première année complète a été fantastique, et j’étais devant Fisichella. La deuxième année, j’ai commencé à expérimenter des réglages trop agressifs, mais c’était une courbe d’apprentissage, ce qui n’est pas grave. J’étais toujours rapide et j’ai marqué des points. »
« En 2000, la voiture était trop lourde, et je ne pouvais pas en parler parce que l’équipe m’avait menacé de divulguer les problèmes que nous avions. Le budget diminuait, nous avions une « fuite des cerveaux », puis je me suis brouillé avec le management, et ce n’était pas la vitesse mais l’environnement qui a fait que j’ai dû changer d’équipe. »
Wurz sait cependant rebondir : il devint alors le pilote d’essais de McLaren F1. Et il le restera pendant de longues années, jusqu’en 2006 !
Là encore, Wurz a une anecdote piquante à raconter, cette fois sur Ron Dennis…
« Une semaine avant que Kimi Raikkonen ne soit engagé pour 2002, ils m’ont appelé en plein milieu d’un test et m’ont dit : « Félicitations, nous avons décidé de prendre l’option sur toi ». Cela aurait été plutôt agréable, mais ce que les dirigeants de l’époque ne savaient pas, c’est que Ron Dennis [patron de l’équipe] avait déjà négocié avec Sauber le rachat du contrat de Kimi, et c’est tout. »
Wurz finit bien par disputer une course avec McLaren F1, en 2005, à la suite d’une blessure de Montoya. Il termina 4e du Grand Prix à Imola, une 4e place qui se changea en podium suite aux disqualifications des BAR. Record battu : 7 ans, 9 mois et 11 jours après son premier podium avec Benetton, Wurz remontait donc sur la boîte.
En 2006, Wurz resta pilote essayeur mais changea d’équipe pour Williams F1. Là encore, après un an sur la touche, il réussit à gagner une place de titulaire pour 2007.
Mais en 2007 chez Williams F1, rien ne se passa comme prévu : Nico Rosberg atomisa littéralement Wurz, qui arracha cependant une 3e et une 4e place à l’expérience dans des courses aux conditions difficiles.
« C’est là que j’ai clairement réalisé ma faiblesse, lorsqu’ils avaient un pneu avant-gauche très faible et que je ne pouvais pas changer mon style de conduite pour l’adapter. »
Le président du GPDA.
Par la suite Wurz prit du recul, notamment en endurance. Mais il reste toujours présent et actif en F1, puisqu’il demeure le président du GPDA.
Comment se passe son rôle au quotidien, ses échanges avec les pilotes ?
« C’est un travail qui ne rapporte rien, mais chaque fois que les pilotes votent pour moi, c’est un engagement et, d’une certaine manière, une confiance que j’apprécie beaucoup. Je chéris le fait que nous puissions nous asseoir ensemble, sans personne d’autre dans la pièce, et parler librement – et je les laisse parler. »
« Je veux aussi parfois donner des conseils pour montrer l’autre côté de la médaille : oui, la F1 doit être une entreprise, la FIA doit être le régulateur, nous ne pouvons pas penser uniquement à nous lorsque nous demandons des changements de piste, mais ce que je trouve magnifique, c’est que les pilotes veulent que la prochaine génération voie le sport aussi cool qu’ils l’ont trouvé quand ils étaient enfants. »